le virus du génie

Eau et gaz, air et poisson : on ne saurait imaginer plus incompatible que le génie et l’art brut. Toute tentative de réhabiliter le premier en prétendant ménager le second ne saurait qu’être oiseuse. A la notion idéaliste de génie, ce virus inhibiteur, l’art brut oppose la conception pragmatique de "l’homme du commun à l’ouvrage" chère à Jean Dubuffet.
L’art brut administre la preuve que des gens très ordinaires, aussi éloignés que se peut des choses artistiques et des rites sociaux accompagnant leur production, leur circulation, leur échange et leur consommation (ateliers, vernissages, happenings, ventes publiques, performances, foires internationales ou simples kermesses) peuvent parfaitement, par impulsion interne et irrépressible, réaliser des chefs d’œuvre inouïs. Cela peut paraître frustrant pour ceux qui croient que seule la partie diplômée de l’humanité a droit d’accès à l’art, déroutant pour les gens qui se sont laissés convaincre qu’il faut être né de la cuisse de Jupiter pour jouer un rôle moteur dans le processus créatif. Mais c’est une donnée d’expérience.
Pour les Béotiens, l’art brut prend franc parti. L’Attique et tout son sel ne l’impressionnent guère. Le camp du barbare de base plutôt que celui des Romains, telle est sa préférence. A tout un chacun, il restitue confiance en une possible création individuelle. Contre la passivité il mène une lutte de tous les instants. L’avantage de ce programme c’est qu’il est corrosif à l’intimidation et à l’élitisme inhérents à la théorie du génie, cette conception réductrice aboutissant à faire des artistes des êtres d’essence extra-terrestre et de l’art un domaine interdit au commun des mortels.

 

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